Je suis HP, s’il te plaît, ne l’oublie pas.
Un sentiment de décalage
Nous sommes tous uniques, et pourtant, je ressens ce décalage, ce sentiment de ne pas appartenir au même monde que les autres. Pendant longtemps, cette différence a été un fardeau. On me reprochait mon indépendance de pensée, mon refus d’adhérer aux normes, mon esprit critique perçu comme de l’arrogance. Pourtant, ce n’est pas l’autorité qui me dérange, mais la bêtisse. Et lorsque c’est la bêtisse qui décide pour moi, l’acceptation devient impossible.
Comprendre le Haut Potentiel
Découvrir que j’étais HP a mis un mot sur ce sentiment de décalage. J’ai lu, exploré, cherché à comprendre. Les études sur le sujet sont nombreuses, et pourtant, elles peinent à identifier une constante. Les HP ne sont ni plus sensibles, ni forcément rebelles, ni inadaptés socialement. Au contraire, nombre d’entre eux s’intègrent parfaitement et excellent dans leur domaine. Mais un HP qui n’est pas cadré socialement va devoir investir sa pensée hors des limites établies, et cette pensée peut être d’une puissance inouïe. De là, plusieurs horizons s’ouvrent, allant du génie à la folie.
L’importance du cadre
En ce qui me concerne, je n’ai pas eu de cadre. Ou alors, il n’était pas assez rigide. Le cadre, c’est comme un tuyau qui laisse passer l’eau. Plus le débit est fort, plus il faut un tuyau solide et résistant. Un HP a un débit d’eau extrêmement puissant, et il nécessite une structure capable d’encaisser cette intensité, sous peine de la voir se retourner contre lui. Cette force se manifeste par une implication totale dans ce qu’il fait… ou un rejet profond de ce qui ne résonne pas en lui.
Une quête qui dépasse l’individu
Un HP n’agit pas dans une volonté purement égotique. Même si cela peut parfois prêter à confusion, ce n’est pas une quête de reconnaissance. Un HP oeuvre en général pour quelque chose de plus grand que lui, quand il ne se bat pas simplement pour qu’on le laisse s’exprimer.
Une vision plus large du monde
Le monde est constitué de 99,9 % de vide. Si l’on supprimait tout l’espace vide des atomes, toute l’humanité tiendrait dans un cube de sucre. Pourtant, nous ne traversons pas les objets. Ce sont des forces invisibles qui maintiennent la matière en place, donnant l’illusion de la solidité.
Nous vivons donc dans une réalité où notre attention est accaparée par une infime portion du tout : ce 0,1 % tangible. Et si voir ce qui est invisible était précisément la particularité des HP ? Une capacité à percevoir ce qui échappe aux autres, à explorer des zones de pensée que peu prennent en compte ?
Entre génie et démesure
Dans un environnement propice, cette aptitude peut conduire à des découvertes, à des idées novatrices, à des révolutions intellectuelles. Mais sans cadre, elle peut être une malédiction, entraînant frustration, angoisse, et parfois folie. Le génie et la démesure sont souvent deux faces d’une même médaille.
Une réussite en trompe-l’œil ?
On me demande souvent pourquoi tant de HP réussissent. La vérité, c’est que notre système valorise l’adaptabilité et la performance. Les HP, loin d’être des marginaux incompris, excellent souvent dans des domaines où structure et logique règnent : informatique, finance, science. Ils s’intègrent en maîtrisant les codes sociaux, non pas parce qu’ils s’y reconnaissent toujours, mais parce qu’ils les comprennent mieux que quiconque.
Mais est-ce vraiment une réussite ? S’intégrer à un système qui ne laisse que peu de place à la singularité, est-ce un accomplissement ou une adaptation contrainte ? Je ne crois pas à la réussite sociale comme indicateur de l’épanouissement. Ce que la société perçoit comme une avancée est peut-être une impasse. Plus nous avançons, plus l’horizon recule. Nous croyons structurer, classer, comprendre, mais nous ne faisons qu’organiser notre propre aveuglement.
Rester soi, coûte que coûte
J’ai longtemps tenté de me conformer, de me fondre dans le moule. Mais à quel prix ? Faut-il renoncer à sa singularité pour être compris, ou accepter d’être perçu comme arrogant en restant fidèle à soi-même ?
Je n’ai pas la réponse. Mais je continue d’observer, d’analyser, d’écouter. Non pas pour imposer ma vision, mais pour tenter de la partager. Parce que voir au-delà du visible, c’est aussi accepter que le monde ne soit pas prêt à tout entendre.